Bio
Des bribes d'identité joyeusement mêlées, des lignes de fuite convergentes, de la rime souple, des brisures embrasées. 2020 est l'album des voyages légers, des instantanés pris sur le vif, sitôt rendus à la lumière. Reflet d'une belle osmose en studio avec Nicolas Quéré (Arctic Monkeys, Jean-Louis Aubert, Delgrès) qui, sans altérer la dynamique élémentaire, a apporté une touche cinématographique aux morceaux. Ces chansons-là emportent déjà le temps avec elles. Elles sont nées à Toulouse, au Bénin, en Norvège, à Giverny. Elles ont déjà vécu à Mayotte, à La Réunion et sur quelques routes de Navarre. Elle sont espiègles, ferventes, mélodiques, crépitantes, humanistes, vibrantes, festives. Elles parlent de séparation de corps libératrice (Vive la divorcée), de guerre et d'immigration (Soldat Ravale, texte tiré de la pièce Sombre rivière), d'amours éphémères (Elle s'appelle) ou fragiles (Les hirondelles), d'abnégation pour aiguillonner la vie (Accroche-toi), d'idylle intranquille avec le cannabis (Quand je fumais du cheval), de constat implacable (Peuple migrant). La Rue Ketanou fait culbuter son esprit joueur avec une lucidité d'adulte contemplant le désastre du monde. Ce sont d'incurables optimistes qui soignent les maux et réconcilient par l'ivresse de la danse. Une alliance alchimique entre joie fiévreuse et conscience citoyenne, franche déconnade et humeurs fragmentées. Le soleil perce toujours les brouillards, les couleurs affleurent. Le charango se télescope ici avec le banjo, la mandole embrasse l'accordéon, l'harmonica s'offre un exil dans la nature (Le jour et la nuit), la guitare de René Lacaille crée des incendies insolites (Chikungunya et son refrain créole jubilatoire), celle de Titi Robin largue les amarres aux confluences de multiples cultures (Ne m'en veux pas). Parce que ce septième album, c'est également la célébration des collisions audacieuses et fédératrices, des unions humaines et instrumentales. La Rue Ketanou ne s'est jamais souciée du dress-code, elle a d'autres chats à fouetter. Elle préfère les évasions bohèmes, les ambiances auberges espagnoles, les tablées accueillantes. En festin final et royal, Fredo Burguière (Les Ogres de Barback), Mouss et Hakim, Gari Greù (Massilia Sound System) et la fanfare béninoise Eyo'nlé s'invitent dans la partition de Gbaou Gbaou. Tous regardent dans la même direction. Celle qui conduit vers une chanson française décomplexée, généreuse, vivante, sincère et ouverte à tous les vents.
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