25 ans ! C’est bien plus que l’âge qu’avaient Alice, Mathilde, Sam ou Fred quand ils sont devenus Ogres en 1994.
25 ans d’une histoire foncièrement singulière et profondément marquée
du sceau de la liberté, à tous niveaux. Une histoire si dense en
projets et riches en expériences variées qu’on ne peut ici qu’en exposer
les grandes lignes.
25 ans à défendre, sans aucune concession à « l’air du temps », leur
conception de la chanson française : décloisonnée et ouverte sur le
monde, qu’elle se fasse « classique » ou métissée, acoustique ou
électrique, clin d’œil aux glorieux anciens ou directement en prise avec
les sonorités du nouveau millénaire, poétique ou survoltée, amoureuse
ou contestataire, pour les petits ou pour les grands ou pour les deux à
la fois… Et l’écriture, entre réalisme et poésie du quotidien, porte la
marque des préoccupations citoyennes de gens impliqués et responsables.
Sans jamais se permettre de donner des leçons.
25 ans passés sur leur terrain de jeu favori, celui où l’on s’expose,
où l’on partage, où l’on échange, celui où, en tant qu’artistes, ils
sont nés et où ils existent pleinement : la scène. C’est sur la route en
jouant, tout le temps, partout et sous de multiples formes [près de
deux mille concerts recensés…] que les Ogres ont rencontré, fidélisé et
élargi ce public auquel ils n’ont de cesse de marquer leur profond
respect. Notamment en variant, régulièrement, les propositions
artistiques qu’ils lui font. Cette étonnante aptitude des Ogres à se
réinventer sans jamais se perdre, outre qu’elle évite que la lassitude
ne trouve le moindre espace où s’installer d’un côté comme de l’autre,
nourrit l’inaltérable plaisir qu’ils prennent et qui se communique
ainsi, tout naturellement, aux gens. Alors, même si leur production
discographique est prolifique [vingt deux références, tous supports
confondus !], osons l’affirmer : leur métier, c’est la scène.
25 ans à développer incessamment de nouveaux et atypiques projets,
dont la rencontre semble être le maître-mot. Pour n’en citer que
quelques-uns : des tournées françaises et européennes sous leurs propres
chapiteaux, des livres-disques pour enfants - certifiés disques d’or -
sur lesquels collaborent près de vingt groupes ou artistes, un album
hommage à Pierre Perret pour lequel ils ont fondé une Tribu d’une
trentaine d’artistes encore différents, de multiples spectacles
singuliers accueillant invités en tout genre, des aventures communes de
plusieurs saisons avec Les Hurlements d’Léo, La Fanfare du Belgistan,
Eyo’nlé [collectif béninois qui les a accompagnés sur toute la tournée
des 20 ans], ou encore, tout récemment, Cyrille Brotto et Guillaume
Lopez, duo de musique traditionnelle occitane… Le processus est
immuable : la rencontre se fait – généralement fortuite – et du plaisir
pris dans l’échange, musical et humain, naît l’envie, et de l’envie le
projet. Pour enrichir la palette déjà large de leur instrumentarium,
pour insuffler une énergie différente, pour apprendre de l’Autre. Et,
surtout, pour partager, encore et toujours.
25 ans, enfin, qui ont conforté ce qui n’était, au départ, qu’une
intuition : oui, il est possible d’inscrire son projet artistique dans
la durée en suivant sa propre route. En effet, rapidement, leur
nécessité viscérale d'indépendance et de totale liberté leur a imposé de
larguer les amarres d'un cheminement traditionnel dans lequel ils ne se
retrouvaient pas. Ils ont successivement structuré l'organisation de
leurs tournées, constitué une équipe dont les piliers sont là depuis le
siècle dernier, se sont lancés dans l'excitante mais délicate aventure
de la création d'un label, Irfan, pour produire leurs disques, ont
constitué un dense réseau de distribution pour ceux-ci, puis pris en
main la gestion de leurs éditions et de leur promotion. Les Ogres ont
ainsi toutes leurs cartes en main. Et – c’est peut-être là la plus
puissante de leurs singularités – leur histoire s’est imposée comme un
parfait modèle alternatif de développement de carrière.
25 ans, c’est cinq de plus que la double décennie qui a été célébrée
sur scène toute l’année 2014. Parce que, si on ne vous l’a pas raconté
ici, les Ogres savent aussi faire la fête. Et plus encore, la partager !
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